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LA VIE AU HAREM

jolis loquets de gaze, les tuniques en soie de Brousse, les souliers dorés des aïeules… Fatmé Alié est une artiste et, comme tous les artistes, elle sent profondément le charme du passé. Sans doute, elle a dû renoncer, pour elle-même, aux loquets de tulle et aux robes de Brousse, mais elle ne s’est pas européanisée.

Elle demeure ennemie du corset, et sa camisole flottante est une protestation.

La villa de Fatmé Alié est assez vaste, toute sonore, toute claire, avec des fenêtres ouvertes sur la campagne printanière et l’azur foncé de la Marmara. Le jardin qui entoure la maison est cultivé, avec amour, par la romancière, par son mari, et par leurs enfants. Tous se divertissent à tailler les arbres, à couper et à planter les boutures. Fatmé Alié parle beaucoup de ses livres ; mais plus encore de ses rosiers.

— Oui, — dit-elle de sa voix aiguë et inlassable, — le jardinage, l’exercice sont nécessaires pour la santé… C’est le grand malheur de nos femmes turques de vivre enfermées. Les riches ont des jardins ; elles ont des voitures