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UNE PROVINCIALE EN 1830



I


Dans les premières années du xixe siècle, il y avait, à Verthis en Périgord, une demoiselle Lucile de Fonard, qui n’entendait point rester fille, bien qu’elle eût déjà passé vingt-cinq ans.

Les Noël de Fonard étaient de petite noblesse et de petite fortune, mais tout dévoués au trône et à l’autel. Un de leurs cousins était mort sur l’échafaud, et les frères de Lucile, dénoncés comme ennemis du peuple par les Amis de la Constitution, avaient émigré en Espagne, laissant leur sœur aux bons soins d’une vieille parente, Mme Laroque-Duffargeas. Quand se fut apaisée la tourmente révolutionnaire, et que les Fonard rentrèrent à Verthis, une partie de leurs biens étaient saisis et vendus. Ce qui restait, s’effritait faute de soins, et sur le visage de Lucile, la fleur de jeunesse était passée.