Page:Tinayre - Une provinciale en 1830.pdf/31

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Antoine du Fargeas était grand amateur de chevaux. Dans les beaux pâturages de ses métairies on voyait bondir et s’ébrouer les poulains nombreux que ses juments lui donnaient chaque année. Ils étaient de vraie race limousine, nerveux et secs, mal propres au gros roulage, mais fort convenables pour la selle et la voiture. Tant de chevaux, pensa Mme du Fargeas, pouvaient servir autrement que comme marchandise à la foire. Elle se mit en rapport avec le commissaire central du gouvernement près des Postes, puis, hardiment, elle fit, par la diligence, le long voyage de Périgueux à Paris, où elle descendit chez sa nièce Vertefeuil, née Fonard. Et elle revint, apportant dans la poche cousue sous son jupon, la nomination de son mari comme maître de poste à Verthis.

Quelques hobereaux en suffoquèrent ! Mais quoi ? Il fallait vivre. La fonction de maître de postes était honorable. Les Fourichon, de Thiviers, très bonne famille venue de la robe, comme les Fargeas, comptaient, parmi eux, toute une dynastie de maîtres de poste, qui servaient le roi, depuis trois siècles. En étaient-ils moins considérés ? Mais les becs des mécontents furent clos, en 1815, par le geste du comte Dupont, ministre secrétaire d’État de Louis XVIII, qui envoya au sieur Antoine du Fargeas la décoration de l’Ordre du Lys, en reconnaissance de ses bons services.