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Page:Tinayre - Une provinciale en 1830.pdf/36

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des balançoires de corde dans le grenier où séchait le linge, se barbouillait de confitures trouvées dans l’armoire de la cuisine, avec la complicité de Mion. Elle tirait la queue du chien ; elle habillait le chat dans les robes de sa poupée et il lui arriva d’ouvrir la cage du serin. Ces exploits trouvaient M. du Fargeas complètement désarmé, car il adorait sa fille, comme sa femme, jusqu’à la faiblesse. L’oncle Zerbin ne faisait qu’en rire. Mais Mme de Fonard était une de ces mères de l’ancien temps qui aimaient bien et châtiaient bien. Elle n’épargna pas les remontrances, les privations de dessert, la mise au cabinet noir, et, dans les occasions graves, le fouet, ultime raison des parents contre une progéniture récalcitrante. Zénaïde poussait des cris épouvantables, de mandait pardon… et recommençait.

Elle devenait tout à fait une « enfant terrible », et Dieu sait ce qu’on entendait par ces mots-là ! Pas timide, oh non ! vraie fille de sa mère et nièce de son oncle. Avec cela, l’esprit de la petite Louison de Molière, des yeux de souris qui voyaient tout, même ce que les grandes personnes croyaient invisible pour elle, ou incompréhensible. Et une façon si imprévue de s’exprimer ! Le premier dimanche qu’on la conduisit à la messe, quand au retour, Mion, la servante, lui demanda :

« Qu’avez-vous vu à l’église, mon biquet ?

Le « biquet » répondit :