Page:Tiphaigne de la Roche - Sanfrein, ou mon dernier séjour à la campagne, 1765.djvu/12

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ses plus zélés admirateurs*[1]. Cette discrète Demoiselle s’attira bientôt toute l’estime de Sanfrein, et finit par se charger de l’administration des deux tiers du revenu de son Abbaye. Sans aimer le jeu, Sanfrein joua; comment s’en dispenser dans le monde ? Mais il jouait de petits jeux, et cela pour remplir les vides qui peuvent se rencontrer dans la journée. S’il jouait quelquefois gros jeu, ce n’était que par condescendance, quand il rencontrait de ces gens qui ne peuvent s’amuser des petits intérêts. Je ne sais par quel malheur, quand on se prête de temps en temps à de gros jeux, on prend bientôt du dégoût pour les petits. C’est ce qui arriva à l’Abbé Sanfrein ; par degrés il tomba dans la fureur du jeu.

  1. * C’était un tribut qu’il devait à ses talents.