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Page:Tissot - Principes du droit public, 1872.djvu/51

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Le titre de notre ouvrage dit assez quelle part nous entendons prendre ici à la solution du grand problème du droit public interne.

Quelques réfexions préliminaires sont nécessaires encore avant d’entrer plus directement en matière. Nous devons, en effet, nous faire, avant d’aller plus loin, une juste idée de l’État, de son origine et de sa fin.

II

I. L’État est cette personne morale ou fictive qui a ses besoins, ses intérêts, ses biens, ses droits et ses obligations propres, qui est généralement mais pas nécessairement composée d’hommes de même race, ayant eu les mêmes destinées historiques et disposés à les avoir encore, et par conséquent à vivre en communauté politique, sous des lois et une autorité communes, sur un sol où ils se trouvent établis à poste fixe et qu’ils considèrent comme leur propriété nationale. C’est l’unité organique et vivante d’un peuple dont les éléments moléculaires ou immédiats sont les familles, qui se composent elles-mêmes d’individus humains qui sont comme les atomes sociaux.

Considéré par rapport aux autres États, un État déterminé quelconque n’est à son tour qu’un élément d’un tout moralement organique plus élevé, actuel ou virtuel, mais moins fortement constitué, et qui, par suite du respect nécessaire de l’autonomie nationale de chaque peuple, ne peut être qu’une fédération dont l’intérêt dernier est l’intérêt même de chaque État fédéré.