Aller au contenu

Page:Tissot - Principes du droit public, 1872.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Considéré par rapport aux familles et aux individus qui les composent, l’État, si important qu’il soit en lui-même, n’est en réalité qu’un être de raison, dont les besoins, les intérêts, les biens, les droits et les obligations ne sont au fond que ceux des individus qui forment l’État, et ne pourraient, sans contradiction, y être contraires en principe.

L’État est fait pour le citoyen ; et le citoyen ne se doit à l’État que dans la mesure où le sacrifice qu’il fait à l’État se résout pour lui en avantages réels. Il en est de l’État comme du sabbat : il est fait pour l’homme, et non l’homme pour l’État. En d’autres termes : l’État n’existe pas pour lui-même, sa fin n’est pas en lui. Il n’est donc qu’un moyen pour une fin qui n’est pas la sienne ; sa fin propre n’est qu’une fin médiate ou de moyen. C’est une institution de garantie dont l’objet dernier ou final est la vie, la liberté et le bien-être de tout membre de la cité qui accepte et observe les lois sous lesquelles seules l’activité de l’individu peut se déployer indéfiniment sans préjudice pour la légitime activité d’autrui.

Les Principes du droit privé[1] font connaître l’objet et la mesure de la liberté individuelle. Mais on comprend assez dès maintenant ce qu’il y a d’erroné et de subversif à vouloir que l’État ou la communauté politique ait tous les droits et le citoyen tous les devoirs. La vérité est que le citoyen a tous les droits et l’Etat tous les devoirs. L’État n’a de droits qu’en

  1. Que nous ne tarderons pas à publier