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Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 1.djvu/22

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périr aussi en Amérique. Je ne parle pas de ceux chez lesquels cette impression est une joie ; qui se soucient peu de savoir si les institutions républicaines en vigueur dans le nouveau monde rendaient heureux les peuples soumis à leur empire, ne voient dans ces institutions qu’une forme politique qui n’est pas de leur goût, et, dans leur ferveur monarchique, rêvent déjà à la place des démocraties libres des États-Unis, la formation sinon d’une autocratie unique, du moins de quelques grands États, placés sous la domination absolue d’un empereur ou d’un roi. Je ne m’occupe ici que de ceux qui, impartiaux envers la république américaine et plutôt bienveillants pour elle, croient voir sa ruine dans celle de l’Union. Et je dis que ceux qui mêlent dans leur esprit le sort de l’Union américaine, et celui de la république aux États-Unis, confondent deux choses très-distinctes et qui ne sont point liées l’une à l’autre. Tocqueville les avait séparées avec grand soin, et avait établi cette distinction dans la partie même du livre où il prévoyait la rupture de la confédération.

« À la vérité, disait-il, le démembrement de l’Union, en introduisant la guerre au sein des États aujourd’hui confédérés et avec elle les armées permanentes, la dictature et les impôts, pourrait, à la longue, y compromettre le sort des institutions républicaines.

« Mais il ne faut pas confondre cependant l’avenir de la République et celui de l’Union.