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Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 3.djvu/250

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CHAPITRE XVI


COMMENT L’AMOUR EXCESSIF DU BIEN-ÊTRE PEUT NUIRE AU BIEN-ÊTRE.


Il y a plus de liaison qu’on ne pense entre le perfectionnement de l’âme et l’amélioration des biens du corps ; l’homme peut laisser ces deux choses distinctes, et envisager alternativement chacune d’elles ; mais il ne saurait les séparer entièrement sans les perdre enfin de vue l’une et l’autre.

Les bêtes ont les mêmes sens que nous et à peu près les mêmes convoitises : il n’y a pas de passions matérielles qui ne nous soient communes avec elles, et dont le germe ne se trouve dans un chien aussi bien qu’en nous-mêmes.

D’où vient donc que les animaux ne savent pourvoir qu’à leurs premiers et à leurs plus grossiers besoins, tandis que nous varions à l’infini nos jouissances et les accroissons sans cesse ?

Ce qui nous rend supérieurs en ceci aux bêtes, c’est que nous employons notre âme à trouver les biens matériels vers lesquels l’instinct seul les conduit. Chez