ductif ; et la métropole, détournant ses regards d’un si triste spectacle, finit par se persuader que de pareils établissements ne valent pas la peine d’être conservés.
Il est incontestable que les colonies ne tarderont pas à se consumer d’elles-mêmes au milieu d’un statu quo si déplorable ; il faut de plus reconnaître que la moindre action exiérieure précipiterait leur ruine.
Dans les îles anglaises, non-seulement le travail est libre, mais il est énormément rétribué ; le salaire de l’ouvrier s’élève à quatre, cinq et jusqu’à huit francs par jour, indépendammentd’autres avantages qu’on accorde encore aux travailleurs. Malgré cette immense prime accordée aux travailleurs, les bras manquent encore. Toute la cupidité et toute l’activité britannique s’exercent donc en ce moment à s’en procurer. On va en demander à tous les rivages. La contrebande des hommes est devenue le commerce le plus nécessaire et le plus lucratif. Déjà on sait qu’il existe dans les îles anglaises les plus voisines des nôtres, îles qui jadis ont été françaises et sont même peuplées de Français, des compagnies d’embauchage dont l’objet est de faciliter la fuite de nos esclaves. Si ce moyen était mis en pratique sur une grande échelle, il est à craindre que nos planteurs ne vissent bientôt échapper de leurs mains les premiers instruments de leur industrie. Comment pourrait-il en être autrement ? Ici le noir est esclave, là il est libre ; ici il végète dans une misère et dans une dégradation héréditaire, là il vit dans une abondance inconnue à l’ouvrier d’Europe. Les deux rivages sur lesquels se passent des choses si contraires sont en vue l’un de l’autre. Ils ne sont séparés que par un canal étroit qu’on franchit eu quelques heures et qui chaque jour est parcouru par des rivaux intéressés à fournir au fugitif les moyens de briser ses chaînes. Qui donc retient encore le nègre paimi nous ? Il est facile de répondre : l’espoir d’une émancipation prochaine. Otez-lui cet espoir, et il vous échappera bientôt.
Si, dès à présent et en temps de paix, les Anglais peuvent porter un immense préjudice à nos colonies, que serait-ce eu temps de guerre ?
Depuis l’émancipation des colonies anglaises, les anciens esclaves ont conçu pour la métropole un attachement si ardent et on pourrait presque dire si fanatique, que, s’il survenait une attaque étrangère, il y a tout lieu de croire qu’ils se lèveraient en masse pour la