Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 9.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ission mission dans tout ce qui précède. Le point de départ des fondateurs du système pénitencier de Philadelphie avait été de rendre la solitude aussi complète qu’on peut rimaginer. Le système du projet de loi s’efforce de la diminuer autant que possible, pour ne la léduire qu’à la séparation des criminels entre eux. Après les visites que le condamné peut recevoir, le plus grand adoucissement de l’emprisonnement individuel, c’est le travail. Dans ce système, le travail est un plaisir nécessaire, l’oisiveté n’est pas seulement très-pénible, elle devient, en se prolongeant, très-dangereuse. L’emprisonnement individuel sans travail a été essayé en Amérique, et il y a produit les plus funestes effets. Aussi, votre Commission est-elle d’avis de déclarer dans la loi que le travail est obligatoire, et qu’il ne peut être refusé, si ce n’est à titre de punition temporaire.

Ce que nous disons du travail matériel doit s’entendre, quoiqu’à un degré bien moindre, de celui de l’esprit. Il est sage et utile de permettre aux détenus la lecture, non-seulement de l’Ecriture-Saintç, ainsi que l’ont fait les Américains, mais des livres que la prison pourrait se pi-ocurer et dont le choix sera déterminé par la Commission de surveillance.

A toutes ces précautions dont l’ulijct, ainsi que le voit la Chambre, est de faire que l’emprisonnement individuel soit sans danger pour la vie et la raison des condamnés, votre Commission a pensé qu’il était nécessaire d’en joindre une dernière, sans laquelle toutes les autres pourraient devenir presque illusoires. En vain aurait-on disposé la prison de manière à ce que le détenu pût prendre de l’exercice , inutilement aurait-on permis à celui-ci de voir un certain nombre de personnes indiquées par la loi elle-même, si la discipline de la maison ou l’exigence de l’entrepreneur ne lui laissaient aucun moment de loisir. La Commission, qui jugeait indispensable de tempérer la rigueur de l’emprisonnement solitaire, devait en assurer les moyens. En conséquence, un amendement introduit par elle déclare que deux heures au moins chaque jour seront réservées pour l’école, les visites des persomies désignées ci-dessus, et la lecture des livres dont il a été parlé plus haut. Tous ces amendements ont été consentis par le gouvernement.

Votre Commission, messieurs, a jugé que l'emprisonnemont in-