d’adopter la disposition du projet de loi qui supprime les bagnes et les remplace par des maisons de travaux forcés où le système de l’emprisonnement individuel sera introduit.
La Commission de 1840 avait été unanime, quant à la destruction
et je partage complètement les opinions émises sur ce sujet par M. le baron
Tupinier dans son rapport sur le matériel de la marine.
« Ainsi, je crois fermement qu’il y a danger pour la sûreté des arsenaux
maritimes et pour la conservation de ce qu’ils renferment, à employer des
forçats dans ces établissements.
« Je suis également convaincu qu’il y aurait pour la marine un très-grand
avantage, sous le rapport financier, à n’avoir plus l’obligation d’entretenir
les bagnes.
« Ainsi que le fait remarquer M. Tupinier, il y a beaucoup de travaux dont
il eût été possible de se passer, et qu’on n’aurait pas même songé è entreprendre
sans la facilité d’y employer des forçats auxquels on n’avait à payer
que des salaires insignifiants, et dont la dépense véritable devait demeurer
inaperçue tant qu’on ne réglerait pas les comptes de l’année.
« Il est à remarquer, d’ailleurs, que si, pour ramener le régime des bagnes
à ce qu’il aurait dû toujours être dans l’intérêt de la morale publique
et suivant le vœu de la loi, on s’arrangeait de manière à ce que les condamnés
fussent constamment séparés des ouvriers libres, sans communication
avec le dehors, et occupés seulement à des travaux de force au lieu
d’être employés à des ouvrages d’art, la marine éprouverait encore un plus
grand mécompte dans l’appréciation de leur travail.
« Il est évident aussi qu’on suppléerait facilement et économiquement par
des machines à une partie des travaux que font les forçats.
« Par toutes ces considérations, je demeure persuadé que M. le baron Tupinier
n’a pas exagéré en portant à 900, 000 fr. la perte réelle que fait la
marine sur son budget, par l’obligation où elle est d’employer dans les arsenaux
les criminels condamnés aux travaux forcés.’
« La misère dont se plaignent les masses d’ouvriers sans travail qui peuplent
les villes maritimes et les campagnes d’alentour, suffirait à prouver
qu’il sera toujours facile de se procurer le nombre de journaliers nécessaires
pour l’exécution des travaux auxquels les forçats sont maintenant
appliqués, d’autant plus que ceux-ci travaillent avec tant de nonchalance,
que six d’entre eux font à peine autant de besogne que deux hommes
libres.
« L’expérience de ce qui s’est passé lors de la suppression des bagnes de
Cherbourg et de Lorient, vient à l’appui de cette assertion, et je ne doute
pas qu’il n’en soit absolument de même dans les autres ports.
« Je n’hésite donc point à me ranger à l’opinion de ceux qui pensent
que la marine n’a aucun intérêt à rester chargée de la garde des forçats.
Je crois qu’il y aurait pour elle comme pour la morale publique un très-