aujourd’hui ? (Mouvement.) L’opposition a fait assurément de graves reproches à M. le ministre des affaires étrangères, peut-être des reproches excessifs, je l’ignore ; mais elle ne l’avait jamais accusé de faire ce qu’il a confessé lui-même dernièrement avoir fait.
Et pour mon compte, je déclare que non-seulement je n’avais jamais accusé M. le ministre des affaires étrangères de ces choses, mais que je ne l’en avais pas même soupçonné. Jamais ! jamais je n’aurais cru, en entendant M. le ministre des affaires étrangères exposer à cette tribune avec une supériorité admirable de paroles, les droits de la morale dans la politique, en l’entendant tenir un tel langage, dont, malgré mon opposition, j’étais fier pour mon pays, assurément je n’aurais jamais cru que ce qui est arrivé fût possible, j’aurais cru non-seulement lui manquer, mais encore me manquer à moi-même, que de supposer ce qui était cependant la vérité. Croirai-je, comme on l’a dit l’autre jour, que quand M. le ministre des affaires étrangères tenait ce beau et noble langage, il ne disait pas sa pensée ? Quant à moi, je n’irai pas jusque-là ; je crois que l’instinct, que le goût de M. le ministre des affaires étrangères était de faire autrement qu’il n’a fait. Mais il a été poussé, entraîné malgré lui, arraché de sa volonté, pour ainsi dire, par cette sorte de fatalité politique et gouvernementale qu’il s’était imposée à lui-même, et dont je faisais tout à l’heure le tableau.
Il demandait l’autre jour ce que le fait qu’il appelait un petit fait avait de si grave. Ce qu’il a de si grave, c’est qu’il vous soit imputé, c’est que ce soit vous, vous de tous les hommes politiques peut-être de cette Chambre qui par votre langage aviez donné le moins la raison de penser que vous aviez fait des actes de cette espèce, que c’est vous qui en soyez convaincu.
Et si cet acte, si ce spectacle est de nature à faire une impression profonde, pénible, déplorable pour la moralité