Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sire notre perte à tous, conseille au ministre de faire la paix et de commander l’armée. Aussi j’écris la vérité : préparez la milice, car le ministre, de la façon la plus autoritaire, conduirait derrière lui, l’hôte dans la capitale. Monsieur le général aide de camp de l’empereur, Volsogen est très suspect à toute l’armée. On dit qu’il est plus à Napoléon qu’à nous, et c’est lui qui conseille tout au ministre. Moi, non seulement je suis poli avec lui, mais je lui obéis comme un subordonné, bien que plus âgé que lui ; c’est triste. Mais par amour pour mon bienfaiteur et empereur, j’obéis. Seulement c’est dommage que l’empereur confie à de pareilles gens la gloire de l’armée. Imaginez qu’avec notre reculade, nous avons perdu plus de quinze mille hommes morts de fatigue ou dans les hôpitaux, et que si nous avions attaqué il n’en serait pas ainsi. Pensez, au nom de Dieu, à ce que dira la Russie, notre mère, que nous ayons tant peur et pourquoi nous donnons aux canailles cette patrie bonne et aimée, et en chaque sujet nous introduisons la haine et la honte. Pourquoi être poltron ! De quoi avoir peur ! Je ne suis pas coupable si le ministre est indécis, poltron, nuageux, lent, s’il a tous les défauts. Toute l’armée pleure et l’accable d’injures. »