Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/321

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d’hôtel profitaient de l’absence du prince et du beau temps pour causer.

Un colonel de hussards de petite taille, brun avec de fortes moustaches et d’épais favoris, s’approcha, à cheval, vers la porte, et, regardant le prince André, lui demanda si le sérénissime s’était arrêté là et s’il arriverait bientôt. Le prince André répondit qu’il n’appartenait pas à l’état-major du sérénissime et qu’il était lui-même un nouveau venu. Le lieutenant-colonel des hussards s’adressa à un brosseur bien mis et le brosseur du commandant en chef lui dit, avec ce mépris particulier aux brosseurs de commandants en chef, parlant aux officiers :

— Qui ? Le sérénissime ? Il viendra sans doute bientôt. Que vous faut-il ?

Le lieutenant-colonel de hussards sourit entre ses moustaches du ton du brosseur, descendit de son cheval, le donna à l’ordonnance, puis, s’approchant de Bolkonskï le salua légèrement. Bolkonskï s’écarta sur le banc ; le lieutenant-colonel de hussards s’assit près de lui.

— Vous attendez aussi le commandant en chef ? se mit à dire le lieutenant-colonel de hussards. On dit qu’il est accessible à chacun, Dieu soit loué ! Ca’ avec ces mangeu’s de saucissons, c’est un malheu’ ! Ce n’est pas en vain qu’E’molov a demandé d’êt’e p’omu Allemand, peut-êt’e que maintenant les ’usses aussi au’ont le d’oit de pa’ler, aut’ement,