Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/344

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le domaine près de Moscou, et tout cela traîne ; il en demande très cher.

— Non, il me semble que la vente va avoir lieu ces jours-ci, bien que ce soit fou d’acheter maintenant quelque chose à Moscou.

— Pourquoi ? dit Julie. Pensez-vous qu’il y ait du danger pour Moscou ?

— Pourquoi donc partez-vous ?

— Moi ? Voilà une question étrange ! Je pars parce que c’est bien, parce que tout le monde part, parce que je ne suis ni une Jeanne d’Arc, ni une amazone.

— Eh bien, oui, oui. Donnez-moi encore des chiffons.

— S’il savait conduire ses affaires, il pourrait payer toutes ses dettes, continua le milicien à propos des Rostov.

— Un bon vieillard, mais un très pauvre sire. Et pourquoi vivent-ils si longtemps ici ? Ils devaient partir à la campagne depuis longtemps. Natalie a l’air bien portante maintenant ? demanda Julie à Pierre, en souriant malicieusement.

— Ils attendent leur fils cadet, dit Pierre. Il est entré aux Cosaques, chez Obolensky, il est allé à Biélaïa-Tzerkov, là-bas se forme le régiment, et maintenant ils le font permuter dans mon régiment et l’attendent de jour en jour. Le comte voulait partir depuis longtemps, mais la comtesse ne veut à aucun prix quitter Moscou avant le retour de son fils.