Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/391

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route ; effrayé du piétinement d’un si grand nombre de chevaux, il se troubla si bien qu’il courut sur la route, devant eux, et excita l’attention générale et le rire ; mais quand quelques voix crièrent après lui, il se jeta dans le fourré et disparut.

Après avoir parcouru deux verstes dans la forêt, ils sortirent sur la plaine où se trouvaient les troupes du corps de Toutchkov, qui devaient défendre le flanc gauche.

Ici, à l’extrême flanc gauche, Benigsen parlait beaucoup, hardiment et fort, comme il semblait à Pierre ; il donnait un ordre militaire très important.

Devant la disposition des troupes de Toutchkov se trouvait une petite élévation : elle n’était pas occupée par les troupes. Benigsen critiquait hautement cette erreur en disant qu’il était forcé de laisser inoccupé un endroit qui dominait le pays et de mettre les troupes en dessous, en bas. Quelques généraux exprimaient la même opinion. L’un, surtout, avec toute l’ardeur militaire, disait qu’on les avait mis ici pour le carnage. Benigsen, en son propre nom, ordonna de placer les troupes sur la hauteur.

Cet ordre au flanc gauche força Pierre à douter encore plus de sa capacité de comprendre les choses militaires. En écoutant Benigsen et les généraux qui blâmaient la situation des troupes au bas de la hauteur, Pierre les comprenait parfaitement