— Natacha, couche-toi au milieu, lui dit Sonia.
— Non, ici, fit-elle. Mais couchez-vous donc, ajouta-t-elle, d’un ton dépité. Et elle s’enfonça dans l’oreiller.
La comtesse, madame Schoss et Sonia se déshabillèrent vivement et se couchèrent. Il n’y avait dans la chambre qu’une seule petite veilleuse ; mais la cour était éclairée par l’incendie du Petit Mitistchi à deux verstes de là, et l’on entendait les cris des paysans, au coin de la rue, dans le débit que les Cosaques du régiment de Mamonov avaient détruit, et les gémissements ininterrompus de l’aide de camp.
Natacha écouta longtemps les sons de la maison et du dehors qui arrivaient jusqu’à elle et ne remua pas.
Elle entendit d’abord la prière et les soupirs de sa mère, le craquement du lit, la respiration sifflante qu’elle connaissait bien de madame Schoss, le souffle régulier de Sonia. Ensuite la comtesse l’appela. Elle ne lui répondit pas.
— On dirait qu’elle dort, maman, chuchota Sonia.
Après un court silence, la comtesse appela de nouveau Natacha, mais cette fois encore elle ne répondit pas.
Bientôt après, Natacha entendit la respiration régulière de sa mère. Natacha ne remuait pas, bien que son pied nu, sorti de la couverture, se glaçât sur le sol.