Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/372

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mort. Il se sentait plus près d’elle. « L’amour ! qu’est-ce que c’est ? » pensa-t-il. « L’amour empêche la mort, l’amour c’est la vie. Tout ce que je comprends, je ne le comprends que parce que j’aime. Tout existe seulement parce que j’aime. Tout est lié par l’amour seul. L’amour c’est Dieu, et mourir cela signifie que moi, une petite partie de l’amour, je retourne vers la source commune éternelle. »

Ces pensées lui semblaient consolantes, mais ce n’étaient que des pensées. Quelque chose y manquait, quelque chose de personnel : il n’y avait pas l’évidence et il y avait la même inquiétude et le même vague. Il s’endormit.

En rêve il se voyait couché dans la chambre où il était réellement, mais il n’était pas blessé, il était bien portant. Plusieurs personnes insignifiantes, indifférentes, paraissent soudain devant lui. Il leur parle, discute des choses inutiles. Il se propose de partir quelque part ; il se rappelle vaguement que tout cela n’est rien et qu’il a d’autres soucis plus importants, mais il continue à parler et étonne ses auditeurs par des mots vagues mais spirituels. Peu à peu, insensiblement, tous ces personnages disparaissent, une seule question se pose : comment fermer la porte ? Il se lève, va vers la porte afin de pousser le verrou pour la fermer. De ce qu’il réussira ou non à la fermer, dépend tout. Il va, sa tête, ses jambes n’obéissent pas, il sent qu’il n’aura