Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/480

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du peuple. En effet, c’est une chose insensée, mais je me réjouis de cette insanité, je ne m’arrête pas devant elle et tâche d’en trouver les causes. Il y a une autre insanité plus forte, c’est l’enfant du peuple lui-même. Chaque enfant du peuple a exactement les mêmes droits, que dis-je ! des droits encore plus grands à la jouissance artistique, que nous, enfants de la classe heureuse, qui ne sommes pas placés dans la nécessité de ce travail incessant et sommes entourés de tout le confort de la vie.

C’est une insanité encore plus grande de le priver du droit de jouir de l’art, de me priver, moi, le maître, du droit de l’introduire dans ce domaine des plaisirs meilleurs où par toutes les forces de son âme aspire tout son être. Comment concilier ces deux insanités ? Ce n’est pas du lyrisme comme on me l’a reproché à cause de ma description de la promenade, dans le premier numéro, ce n’est que de la logique. Chaque conciliation est impossible et n’est qu’un trompe-l’œil. On dira et l’on dit : si le dessin est nécessaire à l’école populaire, on ne peut y admettre que le dessin d’après nature, le dessin technique à applications pratiques, le dessin d’une charrue, d’une machine, d’un bâtiment, le dessin comme art secondaire pour les besoins industriels. Les maîtres de l’école de Iasnaïa-Poliana, dont nous présenterons le compte rendu aux lecteurs, partagent cette opinion générale relative au dessin. Mais l’expérience même d’un pareil enseignement