vèrent trois charrettes ; les chevaux avaient des grelots. Dans la dernière charrette était assis Kondraschka, le fiancé, en caftan neuf avec un haut bonnet. Le fiancé descendit de la charrette et entra dans l’isba. On mit à ma soeur une pèlerine neuve et on la conduisit près de son fiancé. On plaça le fiancé à côté de sa promise devant la table, on pria Dieu et tous sortirent dans la cour. Kondraschka installa ma sœur dans une charrette et lui-même monta dans une autre. Tous s’installèrent dans les charrettes, se signèrent et s’en allèrent. Je rentrai dans l’isba et m’assis près de la fenêtre pour attendre le retour de la noce. La mère me donna un morceau de pain, je le mangeai et m’endormis aussitôt. Ensuite la mère m’éveilla et dit : « Les voici ! » Elle me donna un rouleau en bois et m’ordonna de me mettre devant la table. Kondraschka et ma sœur entrèrent dans l’isba, suivis d’encore plus de gens qu’auparavant. Et il y avait des gens dans la rue et tous regardaient par les fenêtres. L’oncle Guérassime était témoin. Il s’approcha de moi et dit : « Sors ! » J’eus peur, mais grand’mère dit : « Montre le rouleau et dis ce que c’est ! » Je fis ainsi. L’oncle Guérassime mit de l’argent dans le verre, y versa du vin et me le tendit. Je pris le verre et le donnai à grand’mère. Alors c’est nous qui avons quitté la table et eux s’y sont assis. Ensuite on donna du vin, de la gelée, de la viande. On se mit à chanter, à danser. On donna du vin à l’oncle Guérassime. Il but un peu et dit : « Quoi ! le vin est amer ? » Alors ma sœur prit Kondraschka par les oreilles et se mit à l’embrasser. Longtemps on chanta et dansa ; ensuite tous s’en allèrent et Kondraschka emmena ma sœur chez lui.
Après cela nous vécûmes encore plus pauvrement. On vendit le cheval, les dernières brebis, et souvent nous manquions de pain. La mère empruntait aux pa-