Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/171

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laisserai pas voler ; je ferai bonne garde : je paierai des surveillants pour veiller sur mes concombres ; et m’approchant d’eux, je leur crierai : « Hé ! Holà ! Ouvrez l’œil ! » Il cria si fort, que les surveillants l’entendirent ; ils se précipitèrent sur lui et le rouèrent de coups.


L’Incendie.

À l’époque des récoltes, les paysans et les femmes partirent aux champs. Il ne restait au village que les vieillards et les enfants. Dans une isba il y avait une grand’mère et ses trois petits-enfants. La grand’mère alluma le poêle, et se coucha pour se reposer. Des mouches vinrent et la piquèrent. Elle se couvrit la tête d’une serviette et s’endormit. L’une des petites filles, Macha (elle avait trois ans), ouvrit le poêle, fit tomber, en tisonnant, des charbons ardents qu’elle entassa dans un tesson, et s’en alla dans le vestibule. Mais là il y avait des gerbes ; les femmes les avaient préparées pour en faire des liens. Macha s’approcha avec les tisons, les plaça sous les gerbes et se mit à souffler. Quand la paille commença à brûler, elle sauta de joie, courut dans l’isba et ramena par la main, son frère Kiruchka (il avait dix-huit mois, il savait à peine marcher). Elle lui dit :

— Regarde, Kiruchka, le beau poêle que j’ai allumé !