Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/177

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— Bien, répondit l’écuyer ; puis me regardant il ajouta :

— Celui-ci est encore trop petit.

Mais le sous-maître intervint :

— Il a promis de ne pas pleurer lorsqu’il tomberait, dit-il.

L’écuyer se mit à rire et partit.

Bientôt on amena trois chevaux attelés. Après avoir ôté nos manteaux, nous prîmes l’escalier qui descendait au manège. L’écuyer tenait le cheval par la longe, et mes frères chevauchaient autour de la piste. Ils allèrent d’abord au pas, puis au trot. On fit venir ensuite un petit cheval, un alezan à la queue coupée court : il s’appelait Tchervontchik.

L’écuyer se mit à rire et me dit :

— Eh bien, cavalier, montez !

J’étais à la fois joyeux et inquiet et m’efforcais que nul ne s’aperçût de mon trouble. Longtemps, j’essayai de mettre le pied dans l’étrier, mais je n’y pouvais parvenir parce que j’étais trop petit. Alors l’écuyer me souleva dans ses bras, et me mit en selle :

— Monsieur n’est pas lourd, deux livres, pas plus, dit-il.

D’abord, il me tint par le bras, mais, ayant remarqué qu’on ne tenait point mes frères, je le priai de me lâcher.

— Vous n’avez donc pas peur ? me dit-il.

Certes, j’avais très peur, mais je répondis :