Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/223

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matin les paysans rabatteurs, puis, après avoir soupé, nous nous couchâmes.

J’étais si las que j’aurais dormi jusqu’à l’heure du dîner ; mais mon compagnon m’éveilla. Je saute à bas du lit, le regarde : il est déjà tout habillé, et, le fusil à la main, se promène dans la chambre.

— Démian, où est-il ?

— Dans la forêt, depuis longtemps, il a déjà reconnu le circuit, il est revenu en courant pour repartir avec les rabatteurs.

Ma toilette faite, mes fusils chargés, nous montons en traîneau et partons.

La gelée persistait. Tout était calme ; le soleil ne se montrait pas encore ; un brouillard montait et le froid devenait moins vif.

Au bout de trois verstes, sur le chemin, nous arrivons dans la forêt. Nous voyons sous bois des fumées bleues et des gens debout, des paysans, des femmes, armés de gourdins.

Nous descendons de traîneau et approchons. Les paysans, accroupis, font griller des pommes de terre et rient avec les femmes.

Démian est avec eux. Il les fait tous lever et va les poster le long de notre circuit d’hier. Une trentaine de paysans et de femmes, — dont on n’aperçoit que le buste — s’enfoncent dans la forêt et se dispersent sur un seul rang. Puis, mon compagnon et moi suivons la piste.