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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/246

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veut me tuer. Mais je ne crains rien, car je sais que tout vient de Dieu, et par la volonté de Dieu vous me ferez roi.

Quoi qu’il eût dit tout cela, le juge garda le silence ; il ne savait qu’objecter. Tout à coup un homme du peuple s’écria :

— C’est Dieu qui nous a envoyé ce fils de roi. Nous n’en trouverons pas de meilleur ! Prenons-le pour roi.

Et il fut proclamé roi.

Aussitôt il fit chercher dans la ville ses compagnons. Ceux-ci, apprenant que le roi les demandait, furent pris de peur ; ils pensaient s’être rendus coupables de quelque délit dans la ville, mais ils ne pouvaient s’enfuir et on les amena devant le roi. Ils tombèrent à ses genoux, mais le roi leur ordonna de se relever. Alors ils reconnurent leur compagnon.

Le roi leur raconta alors tout ce qui lui était arrivé et leur dit :

— Vous voyez que j’avais raison. Le mal et le bien, tout vient de Dieu, et il ne lui est pas plus difficile de donner un royaume au fils du roi que le bénéfice au marchand et le travail au paysan.

Il les récompensa et les laissa vivre dans son royaume.