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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/288

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champs. Sur sa route, il rencontra un monticule et se mit à crier :

— Petit père ! petit père ! Aide-moi à passer ce monticule ; je t’apporte des crêpes !

Le vieux entendit des champs que quelqu’un l’appelait. Il alla à la rencontre de l’enfant, l’aida à franchir le monticule et lui dit :

— D’où viens-tu, mon fils ?

Et l’enfant répondit :

— Petit père, je me suis formé dans l’étoupe.

Et il tendit les crêpes au père.

Le vieux se mit à manger et l’enfant lui dit :

— Laisse-moi labourer, petit père.

Le vieux répondit :

— Mais tu n’en auras pas la force.

Et Lipounuchka prit la charrue et se mit à labourer. Il travailla et chanta. Un seigneur vint à passer près du champ. Il aperçut le vieux qui déjeunait tandis que le cheval labourait tout seul. Le seigneur descendit de voiture et dit au vieillard :

— Comment se fait-il, vieux, que ton cheval laboure tout seul ?

Et le vieux répondit :

— J’ai là un petit gamin qui le conduit. C’est lui que vous entendez chanter.

Le seigneur s’approcha, entendit chanter et vit Lipounuchka.

Il dit alors :

— Vieux, vends-moi ce petit !