Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/352

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des villages tatars : « Je suis en plein pays ennemi », pensa-t-il. Il se tourna du côté des Russes. En bas, dans le lointain il aperçut une petite rivière, un village entouré de jardins. Au bord de la rivière, des femmes, qui dans cet endroit semblaient être de petites poupées, lavaient leur linge.

Une montagne se dressait derrière le village. Plus loin encore, des forêts. Entre deux montagnes, bleuissait une plaine unie, qui faisait l’effet d’une nappe de fumée étendue sur le sol.

Jiline, pour s’orienter, se rappela l’endroit où le soleil se levait, en se replaçant, en imagination, dans la forteresse qu’il avait habitée. Il en conclut qu’une forteresse russe devait se trouver dans cette plaine. C’était, par conséquent, dans la direction de ces deux montagnes qu’il devait se diriger.

Le soleil déclinait. Les montagnes neigeuses, de blanches devinrent pourpres, et les montagnes noires s’assombrirent encore davantage. Une vapeur montait des vallées, et la plaine où, dans la pensée de Jiline, devait se trouver une forteresse, paraissait embrasée. Il regarda plus attentivement, et il lui sembla voir des fumées s’élever, comme si elles sortaient de cheminées. Cette observation le confirma encore davantage dans l’idée que la forteresse russe était bien dans cette direction.

Il était déjà tard, le mollah avait déjà lancé son appel aux fidèles. Les troupeaux rentraient, les