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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/36

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fants apprennent toujours chez eux et que le peuple appelle savoir compter jusqu’à 10, jusqu’à 20, etc. Chaque élève connaît ce procédé et quelque décomposition que fasse M. Evtouchevsky, elle s’explique par cela seul. L’enfant qui sait compter jusqu’à 4 regarde déjà ce nombre comme une unité, de même 3, de même 2, de même 1. Alors il sait bien que quatre est formé par les additions successives de l’unité. Il sait également que quatre est formé de l’addition de 2 et 2 puisqu’il sait que 2 fois 1 font 2. Qu’apprennent donc ici les enfants ? soit ce qu’ils savent déjà, soit ce procédé de calcul que la fantaisie du maître les oblige d’apprendre par cœur ? Récemment il m’est arrivé d’être témoin d’une leçon d’arithmétique d’après la méthode de Groubé. On demande à un élève : Combien font 8 et 7 ? L’enfant se hâte et dit 16. Son voisin se hâtant aussi, sans lever la main gauche, dit : 8 et 8 font 16, moins 1, 15. Le maître l’arrêta sévèrement, et obligea le premier d’ajouter à 8 une unité après l’autre jusqu’au nombre 15, or le garçon savait depuis longtemps qu’il s’était trompé. Dans cette classe on était à l’étude du nombre 15 et 16 devait être inconnu.

Je crains que bien des gens, en lisant mes longues objections à ce procédé d’enseignement d’après Groubé, ne disent : « Mais à quoi bon parler, n’est-il pas évident que tout cela est un galimatias qui ne vaut pas la peine d’être réfuté ? Pourquoi