Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/369

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Il leva la tête. Les étoiles étincelaient très haut dans le ciel. Au bord du fossé, les yeux de Dina luisaient comme ceux d’un chat. Elle se pencha davantage et lui dit à voix basse :

— Ivan ! Ivan !

Elle fit un geste pour inviter son interlocuteur à parler doucement.

— Qu’y a-t-il ?

— Tous sont partis. Il ne reste que deux hommes dans le village.

— Eh bien ! Kostiline, dit Jiline, essayons pour la dernière fois… Je vais t’aider.

Kostiline ne voulait pas même entendre parler d’une nouvelle évasion.

— Non, dit-il. Ma destinée n’est pas de sortir d’ici… Où irais-je, moi qui n’ai même plus la force de me retourner ?

— Eh bien ! alors, adieu. Ne m’en veuille pas.

Ils s’embrassèrent. Jiline saisit la perche, recommanda à Dina de la tenir solidement, et se mit à grimper. Deux fois il retomba, gêné par ses entraves. Kostiline lui fit la courte échelle et, enfin, il atteignit le bord de la fosse. Dina le tirait par le col de sa chemise, de toute la force de ses petits poignets, et riait de contentement.

Jiline attira la perche à lui, et dit à Dina :

— Reporte-la à sa place, car si on la trouvait ici, tu serais battue.

Dina partit, en traînant la perche, et Jiline des-