Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/372

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galette. Il chercha ensuite une pierre et se mit de nouveau à frapper sur son cadenas.

Il se meurtrit les mains sans réussir à l’ouvrir. Alors il se leva et poursuivit sa route. Au bout d’une verste il n’en pouvait déjà plus, bien qu’il se fût arrêté tous les dix pas.

— « Il n’y a rien à faire, pensait-il. Je me traînerai tant que j’aurai des forces. Autrement, si je m’assois, je ne me relèverai plus. Certes je n’atteindrai pas la forteresse cette nuit… Dans la journée je me reposerai, et à la tombée de la nuit, je me remettrai en route. »

Il marcha ainsi toute la nuit. Il ne rencontra que deux Tatars à cheval ; mais les ayant entendus de loin, il se cacha derrière un arbre.

Cependant la lune pâlissait, la rosée tombait, il allait faire jour, et Jiline n’avait pas encore traversé la forêt.

Il se dit :

— « Soit ! je ferai encore une trentaine de pas, je m’installerai dans un fourré et m’y reposerai. »

Il fit encore trente pas et s’aperçut qu’il était à la lisière de la forêt.

Le jour était venu. Devant lui, il voyait comme à portée de la main, les steppes et la forteresse. À gauche, tout près de la montagne, étaient allumés des feux autour desquels se tenaient des gens.

Jiline regarda plus attentivement et vit luire les fusils des Cosaques et de soldats russes.