Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/427

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pour discerner ce qui est doux, l’autre avale sans distinguer le doux de l’amer.

De même, les différents animaux ont les divers sens plus ou moins développés. Mais chez tous, l’odorat est plus puissant que chez l’homme.

L’homme, pour connaître une chose, la regarde, écoute le son qu’elle rend, parfois la flaire et la goûte ; mais il a surtout besoin de la toucher.

Presque tous les animaux ont surtout besoin de flairer. Le cheval, le loup, le chien, la vache, l’ours ne reconnaissent les choses qu’en les flairant.

Quand le cheval a peur de quelque chose, il s’ébroue, renifle pour mieux sentir, et tant qu’il n’a pas senti, il a peur.

Souvent le chien suit la piste de son maître, l’aperçoit et s’effraye, ne le reconnaissant pas. Il aboie contre lui tant qu’il n’a pas flairé et senti que ce qui épouvantait ses regards, c’est son propre maître.

Les bœufs voient tuer d’autres bœufs, ils les entendent beugler à l’abattoir, et ils ne comprennent pas ce qui se passe. Mais qu’une vache ou un bœuf rencontre sur sa route du sang de bœuf et flaire, alors il comprendra, frappera du pied le sol, en mugissant, et on ne pourra lui faire quitter cette place.

La femme d’un vieillard étant tombée malade, il alla lui-même traire la vache. La vache renifla, sentit que ce n’était pas sa maîtresse, et refusa de donner son lait. La femme fit mettre à son mari