Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/66

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pliqués à l’enseignement, en général, mais appliqués aussi à la question particulière de l’enseignement populaire à l’école primaire. Il y a cent ans, ni en Europe, ni chez nous, ne pouvait se poser la question : qu’enseigner et comment ? L’enseignement était lié indissolublement à la religion. Apprendre à lire et à écrire, cela signifiait apprendre les Saintes Écritures. Dans les populations mahométanes, jusqu’à ce jour, ce lien entre l’art de lire et d’écrire et la religion existe dans toute sa force. Apprendre, cela signifie apprendre le Coran, et, par conséquent, la langue arabe. Mais aussitôt que la religion a cessé d’être le critérium de ce qu’il faut apprendre, quand l’école s’en est affranchie, cette question devait se poser. Mais elle ne s’est pas posée parce que l’école ne s’est pas délivrée d’un coup de sa dépendance, elle ne s’est affranchie qu’à pas imperceptibles. Maintenant tout le monde reconnaît que la religion ne peut être ni le fondement, ni le guide de la méthode d’enseignement mais que l’enseignement a besoin d’une autre base. En quoi donc consiste ce besoin, sur quoi s’appuie-t-il ? Pour que ces bases soient indiscutables, il faut prouver ou que, philosophiquement, elles sont inattaquables ou qu’au moins tous les gens instruits les reconnaissent. En est-il ainsi ? Il est hors de doute que la philosophie n’a pas fourni de bases sur lesquelles pût s’édifier la définition de ce qu’il faut enseigner, d’autant plus que l’œuvre de l’enseignement elle-même n’est pas une affaire