Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/178

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mouvement des épaules et de la tête ; une grande joie l’envahit alors et il ressentit une sorte de secousse électrique, une nouvelle énergie prit possession de lui ; tous ses mouvements, depuis ceux de ses pieds jusqu’à ceux de ses poumons, lui devinrent perceptibles, en même temps qu’un léger picotement lui brûlait les lèvres.

Quand ils furent l’un près de l’autre, elle lui serra fortement la main.

— Tu n’es pas fâché que je t’aie fait venir ? J’avais un besoin urgent de te voir, dit-elle alors ; un pli sérieux et sévère marquait ses lèvres, ce que voyant, Vronskï sentit s’envoler sa belle humeur.

— Pourquoi serais-je fâché ? Mais comment es-tu venue ici ?

— Qu’importe ! dit-elle en passant son bras sous le sien. Allons, j’ai besoin de te parler.

Il comprit que quelque chose d’extraordinaire s’était passé et un pressentiment l’avertit que ce rendez-vous ne lui réservait rien de bien gai. En sa présence il perdait toute volonté. Sans connaître la cause de son émotion, il se sentait envahi par le même trouble.

— Voyons ? Qu’y a-t-il ? demanda-t-il, et serrant son bras sous le sien, il s’efforcait de lire ses pensées sur son visage.

Elle fit encore quelques pas pour se ressaisir et, tout à coup, s’arrêta.

— Je ne te l’ai pas dit hier, commença-t-elle