Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/233

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fermé dans une impasse. C’était la seule chose qu’il redoutait, et pour l’éviter il n’hésitait pas à orienter la conversation vers un autre sujet plus agréable et plus gai.

La journée avait été pour Lévine pleine d’émotions ; les quelques instants qu’il avait passés chez ce vieux paysan, dont la maison se trouvait à mi-chemin de sa route, lui avaient laissé une forte impression qui, selon lui, avait influé sur tous les événements qui s’étaient produits dans la suite.

Ç’avait été d’abord cet excellent Sviajskï avec son choix d’idées pour la galerie et les principes de vie qu’il devait nécessairement avoir, quoique Lévine ignorât quels ils étaient, ce qui n’empêchait pas cet homme, comme tant d’autres, de guider l’opinion publique d’après des idées qui lui étaient totalement étrangères. Puis ce propriétaire grincheux dont les raisonnements, tirés de la vie elle-même, semblaient si justes à Lévine, bien qu’il réprouvât sa colère contre la classe la meilleure du peuple russe ; enfin ses propres déceptions que lui causaient son exploitation et l’espoir encore vague de trouver un remède à cette situation critique… tout cela se confondait en une sorte de trouble intérieur et il en résultait un ardent désir de sortir de là au plus vite.

Une fois qu’il fut dans sa chambre, et étendu sur son lit, dont le sommier élastique lui communiquait de brusques sursauts, à chaque mouvement qu’il