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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/85

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système nécessaire à son avis pour apprendre les langues étrangères à ses enfants.

— Mais pourquoi déjà partir ? restez donc avec nous.

Lévine resta jusqu’au thé, mais sa gaîté s’était envolée et il se sentait gêné.


Après le thé il sortit dans le vestibule et ordonna d’atteler les chevaux. Quand il revint, il trouva Daria Alexandrovna tout émue, le visage troublé, les yeux pleins de larmes. Pendant que Lévine était sorti, un incident était venu troubler toute la joie de cette journée et blesser son orgueil maternel. Gricha et Tania s’étaient battus pour une balle. Daria Alexandrovna, attirée par les cris dans la chambre des enfants, les avait trouvés dans un état affreux : Tania tenait Gricha par les cheveux, tandis que lui, les traits convulsés par la colère, la frappait au hasard à coups de poing. À ce spectacle, son cœur se déchira ; la vie lui parut s’obscurcir tout à coup, elle sentit que ces enfants dont elle était si fière, n’étaient ni plus ni moins qu’ordinaires, qu’en outre, ils étaient mauvais, mal élevés, doués d’instincts grossiers, brutaux, en un mot, c’étaient des enfants méchants.

L’impression avait été si forte qu’elle ne pouvait en détacher sa pensée ni parler d’autre chose, et