Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/102

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parfois du chou mariné ou une friandise quelconque.

Elle se préparait avec joie à l’arrivée de Dolly et de ses enfants, elle se promettait de faire faire à chacun d’eux leur gâteau préféré, et elle était sûre que Dolly apprécierait son nouveau ménage. Les détails du ménage l’attiraient invinciblement. D’instinct, en prévision des mauvais jours, elle profitait du printemps pour construire son nid, se hâtant de le faire et de l’apprendre à faire.

Ces petites préoccupations de Kitty, si contraires à l’idéal de Lévine, à la félicité des premiers temps, lui causèrent une vive désillusion, mais en même temps cette charmante activité, dont le but lui échappait, mais qu’il ne pouvait s’empêcher d’apprécier, était pour lui un nouvel enchantement. Les querelles furent une autre cause de surprises. Lévine ne se serait jamais imaginé qu’entre lui et sa femme pussent exister d’autres rapports que ceux de la douceur, du respect, de l’affection, et voici que dès les premiers jours ils se disputèrent et si fort que Kitty déclara qu’il ne l’aimait pas, qu’il n’aimait que lui, et fondit en larmes avec des gestes désespérés.

Cette première querelle eut pour cause un retard de Lévine : il était allé à une nouvelle ferme et s’était mis en retard d’une demi-heure, parce que voulant prendre un chemin de traverse il s’était égaré en route.