Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/107

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mais sentait que le centre de gravité de son attention s’était déplacé et porté ailleurs, et sa besogne lui en paraissait d’autant plus aisée.

Autrefois le travail lui était apparu comme le salut ; il sentait que sans cela sa vie serait trop sombre ; actuellement ses occupations lui étaient nécessaires pour que sa vie ne fût pas uniformément claire. En relisant son travail, il constata avec plaisir que l’affaire en valait la peine ; bien que plusieurs de ses idées anciennes lui parussent excessives ; par contre, en embrassant toute l’œuvre, il vit comment il lui faudrait combler certaines lacunes.

Il récrivait maintenant le chapitre où il traitait des causes de la situation désavantageuse de l’agriculture en Russie. Il tâchait de prouver que la pauvreté de la Russie ne tenait pas seulement à la distribution inégale des terres mais qu’elle provenait en partie de cette civilisation extérieure, avec ses voies de communication entraînant la centralisation dans les villes, le développement du luxe, de l’industrie, du crédit et de son compagnon, l’agiotage. Il lui semblait qu’avec le développement normal des richesses dans le pays, tous ces phénomènes ne se produiraient qu’après que l’agriculture aurait pris une grande extension et serait placée dans des conditions régulières, définies ; que les richesses du pays doivent s’accroître également, surtout de telle façon que les autres branches de l’industrie