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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/303

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attribua au sentiment de la veille et tâcha de la faire oublier par une grande amabilité.

Quand tout fut remis en ordre et la voiture sortie sur la route, Lévine ordonna de déballer le déjeuner.

Bon appétit — bonne conscience ! ce poulet va tomber jusqu’au fond de mes bottes. Ce dicton français revint à Vassenka en terminant son second poulet. Eh bien ! maintenant nos malheurs sont finis ; tout nous réussira désormais. Mais, en punition de mes méfaits je demande à monter sur le siège. Je serai votre automédon. Vous verrez comme je vous conduirai ! dit-il sans lâcher les rênes que Lévine lui demandait de remettre au cocher. — Non, je dois racheter mes fautes… Et je me sens très bien sur le siège…

Ils partirent ainsi.

Lévine craignait pour ses chevaux, surtout pour celui de gauche, le roux, que Veslovski ne savait pas tenir, mais, malgré lui, il était gagné par la gaîté de Veslovski qui tout le long de la route chanta des romances ou imita un Anglais conduisant un « fourinhand » ; ils atteignirent ainsi le marais Gvosdiev dans l’excellente humeur due au déjeuner.