Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/381

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— Il fait trop chaud. Faisons plutôt un tour dans le parc et une promenade en bateau pour montrer le paysage à Daria Alexandrovna, proposa Vronskï.

— J’accepte tout, dit Sviajski.

— Je pense qu’il sera plus agréable pour Dolly de marcher, n’est-ce pas, et ensuite nous prendrons le bateau, dit Anna.

Il fut ainsi décidé. Veslovski et Touchkevitch allèrent se baigner, puis préparer le bateau, et promirent d’attendre là.

Anna avec Sviajski et Dolly avec Vronskï suivirent les allées du parc. Dolly était un peu confuse et gênée dans ce milieu nouveau pour elle.

Involontairement, non seulement elle justifiait la conduite d’Anna, mais l’approuvait, et ainsi qu’il arrive aux femmes moralement irréprochables, fatiguées de leur vie monotone, non seulement elle excusait l’amour criminel, mais même l’enviait un peu, et de plus elle aimait Anna de tout son cœur. Mais transportée au milieu de ces gens étrangers, aux habitudes d’élégance raffinée qui lui étaient inconnues, Daria Alexandrovna se sentait gênée. Il lui était surtout désagréable de voir la princesse Barbe leur pardonner tout, à cause du confort dont elle jouissait.

En théorie, Dolly approuvait la conduite d’Anna, mais il lui était pénible de se trouver en présence de l’homme qui avait été cause de sa chute, et d’au-