Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/247

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ment Kitty, s’asseyant aussitôt sur la chaise et se préparant à donner le sein. — Donnez-le-moi vite. Ah ! nounou, que vous êtes ennuyeuse ! vous attacherez le bonnet après.

L’enfant suffoquait à crier.

— Mais c’est impossible, petite mère, dit Agafia Mikhaïlovna qui se tenait presque toujours dans la chambre de l’enfant. Il faut que tout soit en ordre… Aou ! aou ! chantait-elle à l’enfant sans faire attention à la mère.

La bonne apporta l’enfant à sa mère. Agafia Mikhaïlovna le suivait, le visage tout épanoui de tendresse.

— Il reconnaît ! Il reconnaît ! Je vous jure, Catherine Alexandrovna, qu’il m’a reconnue ! disait Agafia Mikhaïlovna, criant plus fort que l’enfant.

Mais Kitty ne l’écoutait pas. Son impatience augmentait comme celle de l’enfant. Par suite de sa trop grande impatience, l’enfant ne trouvait pas assez vite ce qu’il cherchait et se fâchait.

Enfin, après un cri désespéré et un clappement des lèvres, tout s’arrangea ; aussitôt la mère et l’enfant se sentirent calmes et tous deux se turent.

— Le pauvre petit, il est tout en sueur, chuchota Kitty en tâtant l’enfant. Pourquoi pensez-vous qu’il reconnaît ? ajouta-t-elle en regardant les yeux de l’enfant, qui lui semblaient déjà rusés, ses joues qui se gonflaient d’une façon particulière, sa petite main à la paume rouge avec laquelle il traçait des