Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/130

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Mais je veux comprendre de façon à être amené à ce qui est inévitable et inexprimable. Je veux que tout ce qui est inexprimable le demeure non parce que les exigences de mon esprit sont injustifiées (elles sont justifiées, et je ne puis rien comprendre en dehors d’elles), mais parce que je vois les limites de ma raison. Je veux comprendre de façon que chaque proposition inexplicable m’apparaisse comme une nécessité de ma raison même et non comme une obligation de croire.

Que la vérité soit dans la doctrine, c’est indubitable, mais il est indiscutable aussi qu’elle renferme une part de mensonge, et je dois trouver le vrai et le faux et les séparer l’un de l’autre. Voilà ce que je vais entreprendre. Ce que j’ai trouvé de faux dans cette doctrine, ce que j’y ai trouvé de vrai, à quels résultats je suis arrivé, tout cela formera les parties suivantes de cet ouvrage, qui sera probablement publié quelque jour si quelqu’un juge qu’il en vaille la peine et qu’il soit nécessaire.

1879.

J’ai écrit ce qui précède il y a trois ans.

En parcourant maintenant ces pages, en suivant de nouveau cette marche de la pensée et des sentiments qui furent les miens durant cette époque, j’ai fait un rêve.