Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/158

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Simon intimidé répond :

— Où pourrions-nous voir tout cela, nous autres ?

— Sans doute. Peux-tu me faire des bottes avec ce cuir ?

— Certainement, Votre Seigneurie.

Le monsieur s’écria :

— Certainement ! Comprends bien pour qui tu vas travailler et avec quelle marchandise ; fais-moi des bottes qui puissent durer un an, que je puisse porter un an sans les tourner ni les déchirer. Si tu peux le faire, alors prends ce cuir et taille ; sinon, refuse. Je te préviens : si les bottes se déchirent avant un an, je te fourre en prison ; si elles me durent un an, tu auras dix roubles.

Simon, effrayé, hésite, il ne sait que répondre.

Il regarde Michel, le pousse du coude, et lui chuchote :

— Faut-il accepter ?

— Prends le travail, fait Michel.

Simon écoute Michel, accepte et s’engage à livrer des bottes qui ne tourneraient pas, ne se déchireraient pas de toute une année.

Le monsieur appela le valet, lui ordonna de lui déchausser le pied gauche, tendit son pied, et dit à Simon ;

— Eh bien ! prends les mesures.

Simon prit un papier de dix verchok[1], le plia en

  1. Un verchok vaut environ 0 m 045.