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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/193

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alors tout le temps de t’occuper de ta besogne, et tu te sentiras ainsi l’âme plus légère.

Ivan ne disait toujours rien.

— Voilà ce que j’avais à te dire, Ivan. Écoute les paroles d’un vieillard. Va donc, attelle ton cheval, par la même route retourne au tribunal, retire toutes tes plaintes, puis, demain matin, va chez Gavrilo, faire la paix avec lui, l’inviter chez toi. Demain est justement un jour de fête (c’était la veille de la Nativité de la Vierge) ; apprête ton samovar, achète de l’eau-de-vie. Mets un terme à tous ces péchés, qu’il n’en soit jamais plus question. Donne tes ordres aux femmes et aux enfants.

Ivan pousse un soupir et pense : « C’est vrai, ce que dit le vieux. »

Il est sans colère, seulement il ne sait comment s’y prendre pour faire la paix.

Comme s’il eût deviné les pensées de son fils, le vieillard poursuivit :

— Va, Ivan, ne tarde pas, éteins le feu à son début ; une fois allumé, tu n’en serais plus maître.

Le vieillard avait encore autre chose à dire, mais il ne put achever ; les femmes entraient dans l’izba et se mettaient à jacasser comme des pies. Elles savaient déjà que Gavrilo était condamné au fouet, et les menaçait d’incendie. Elles avaient même trouvé le temps de se quereller, dans les champs, avec les femmes de Gavrilo.

Elles racontèrent que la bru de Gavrilo les avait