Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/211

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venant de la maison du maître : « Michel Séménovitch, le gérant, ordonne que tout le monde aille au labour demain. »

Le staroste traversa tout le village, annonça à tout le monde le travail du lendemain, assignant à ceux-ci les terres placées sur l’autre bord de la rivière, à ceux-là, celles qui bordaient la grand’route. Les paysans pleurèrent, mais n’osèrent pas désobéir. Le lendemain ils sortirent les charrues et se mirent à labourer.

On sonne l’office à l’église, le monde entier chôme la fête : les paysans travaillent.

Michel Séménovitch, le gérant, se leva assez tard, et fit le tour du domaine. Sa femme et sa fille, veuve, (elle était venue pour ces quelques jours de fêtes), s’habillèrent ; un domestique attela une petite voiture, et elles se rendirent à la messe. Elles revinrent, une servante prépara le samovar. Michel Séménovitch rentra aussi et l’on se mit à prendre le thé. Après le thé Michel Séménovitch alluma sa pipe et fit appeler le staroste.

— Eh bien ! As-tu installé les paysans au labourage ?

— Mais oui, Michel Séménovitch.

— Tout le monde y est-il ?

— Tout le monde. Je les ai conduits moi-même.

— Conduits, conduits… Travaillent-ils ? Vas-y voir et dis-leur que j’irai après dîner. Il faut qu’ils tracent une déciatine par deux charrues, et que ce