Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/213

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péché, et, au nom du Christ, ne fais pas travailler les paysans.

Michel ne tint aucun compte des paroles de sa femme et lui rit au nez.

— Il y a donc bien longtemps que le martinet n’a caressé tes épaules, pour te montrer aussi hardie ? Ces choses-là ne te regardent pas.

— Michenka, mon ami, j’ai eu un rêve, à ton sujet, un mauvais rêve. Écoute-moi : ne fais pas travailler les paysans.

— Je te le dis, tu as probablement trop de graisse, et tu penses que le martinet ne te cinglera pas. Prends garde !

Séménovitch se fâcha, donna un coup de sa pipe sur la bouche de sa femme, la renvoya et lui ordonna de faire servir le repas.

Michel Séménovitch mangea une galantine de tête de veau, du pâté, du stchi au porc, un cochon de lait rôti, une soupe au lait et aux pâtes, but de l’eau-de-vie de cerises et finit par un gâteau sucré. Puis il appela la cuisinière et lui ordonna de chanter tandis que lui-même, prenant sa guitare, se mettait à danser.

Michel Séménovitch passe ainsi le temps gaîment, rotant, pinçant les cordes et lutinant la cuisinière.

Le staroste entre, salue, et se met à raconter ce qu’il a vu aux champs.

— Eh bien ! On laboure ? Finiront-ils leur tâche ?

— Ils en ont déjà fait plus de la moitié.