Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/244

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VII

Elisée fit cinq verstes. Le jour commençait à poindre. Il s’arrêta sous un arbre, défit son paquet et compta son argent. Il lui restait dix-sept roubles et vingt kopeks : « Eh bien ! pensa-t-il, avec cela, impossible de passer la mer, et faire ce voyage en mendiant au nom du Christ, serait peut-être un péché de plus. Notre ami Efim saura bien s’y rendre tout seul, et il est possible qu’il mette un cierge pour moi. Quant à moi, mon vœu restera inaccompli jusqu’à ma mort. Mais le Seigneur est miséricordieux ; il m’en relèvera. »

Elisée se leva, équilibra son sac derrière ses épaules et revint sur ses pas ; seulement il contourna le village pour n’être pas vu. Bientôt il arriva chez lui. En partant il lui avait semblé difficile, pénible même, de suivre Efim. Au retour, Dieu lui accordait de marcher sans fatigue. Il