Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/143

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et de forme ordinaire, étaient rouges et rugueuses.

Quand j’entrai derrière elle, dans la galerie, chacune de ces dames — sauf Varenka, sœur de Dmitri, qui seule, me regardait attentivement, avec ses grands yeux gris-foncé — me dit quelques mots avant de reprendre son travail, et Varenka se mit à lire à haute voix le livre qu’elle tenait sur ses genoux, fermé sur ses doigts.

La princesse Maria Ivanovna était une femme grande, gracieuse, d’une quarantaine d’années. On pouvait lui donner davantage à cause de ses boucles de cheveux presque gris, entièrement sorties du bonnet. Mais, à en juger par son visage frais, presque sans rides et surtout par l’éclat vif et gai de ses grands yeux, elle paraissait beaucoup moins. Ses yeux étaient bruns, très ouverts, les lèvres trop minces, un peu sévères, le nez assez régulier et un peu incliné à gauche ; sa main, sans bagues, était longue, presque masculine, avec de beaux doigts effilés. Elle avait une robe bleu foncé, montante, qui moulait parfaitement sa taille fine et encore jeune, dont elle était évidemment fière. Elle était assise, très droite, et cousait une robe. Quand j’entrai dans la galerie, elle me prit la main, me tira vers elle comme avec le désir de me voir de plus près et dit en me regardant de ce même regard franc un peu froid, qu’avait son fils, qu’elle me connaissait depuis longtemps par les récits de Dmitri ; et pour faire