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XXIX

NOS RELATIONS AVEC KATENKA ET LUBOTCHKA


Volodia avait des fillettes une opinion si étrange qu’il pouvait s’occuper de savoir si elles n’avaient pas faim, si elles avaient bien dormi, si elles étaient habillées convenablement, si elles ne faisaient point de fautes de français dont il aurait honte devant les étrangers, mais il n’admettait pas qu’elles pussent sentir ou penser quelque chose d’humain, et encore moins la possibilité de discuter avec elles sur n’importe quel sujet. Quand il leur arrivait de s’adresser à lui en lui posant une question sérieuse (ce qu’elles-mêmes tâchaient cependant d’éviter), si elles lui demandaient son opinion sur un roman ou l’interrogeaient sur ses occupations à l’Université, il leur faisait une grimace et s’éloignait sans répondre ou répondait par quelque phrase d’un français nègre, comme si li