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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/263

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lien incompréhensible pour nous tous, me l’expliqua ainsi :

— Dmitri a beaucoup d’amour-propre. Il est trop fier et malgré tout son esprit, il aime beaucoup les louanges et l’admiration, il aime à être le premier et petite tante, dans l’innocence de son âme, est en admiration devant lui et n’a pas assez de tact pour lui cacher cette admiration ; il en résulte qu’elle le flatte sans feindre, très franchement.

Je me rappelle qu’après, en discutant ce raisonnement, je ne pus m’empêcher de penser que Varenka était très intelligente, et à cause de cela, je la haussai avec plaisir dans mon estime. Cette « réhabilitation » due à l’esprit que j’avais découvert en elle et à ses autres qualités morales, bien qu’elle me fît plaisir, fut mesurée sévèrement et jamais je ne la portai jusqu’à l’enthousiasme. Ainsi, quand Sophie Ivanovna, qui parlait toujours de sa nièce, me raconta que Varenka, encore enfant, il y a quatre ans, à la campagne, avait donné, sans permission, tous ses habits et ses souliers, aux enfants des paysans, si bien qu’il fallut les leur reprendre, je ne jugeai pas ce fait digne d’améliorer mon opinion sur elle, et même, en pensée, je me moquais de cette conception peu pratique des choses.

Quand il y avait des invités chez les Nekhludov, et entre autres, parfois, Volodia et Doubkov, moi, très content de moi-même, et avec une certaine