Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/312

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le sol, si bien que la petite fenêtre ouverte au levant, brisée, aux volets à demi rabattus, et l’autre fenêtre sans vitres, bourrée de coton, s’ouvraient sur le fumier[1] ; l’entrée, avec le seuil pourri, la porte basse et l’autre petite charpente encore plus vieille et plus basse que l’entrée, la porte cochère, étaient tassées près de l’izba principale. Tout cela était autrefois couvert d’un toit inégal et maintenant sur les avant-toits était penchée la paille noire également toute pourrie, et en haut, par-ci par-là, tout était découvert et l’on voyait le bois. Devant, dans la cour, se trouvait un puits dont la margelle était détruite, avec un reste de poteau et de treuil, et autour une mare boueuse, piétinée par le bétail, et dans laquelle barbotaient des canards. Près du puits, deux vieux cytises un peu tordus avec de rares branches vert pâle. Au pied d’un de ces cytises, qui témoignaient que jadis quelqu’un avait eu soin d’orner cet endroit, était assise une fillette blonde de huit ans, qui faisait grimper autour d’elle une autre petite fille de deux ans. Le jeune chien de garde qui se promenait près d’elles, en apercevant le seigneur, se jeta en toute hâte vers la porte cochère et se mit à pousser des aboiements effrayés, plaintifs.

  1. Pour l’hiver, l’izba est entourée de fumier destiné à préserver du froid. Dans les provinces du nord, le fumier s’élève parfois jusqu’à mi-hauteur de l’izba. L’été on le repousse, mais dans les familles où il y a peu de travailleurs, le fumier reste souvent autour de l’izba après l’hiver.